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La frustration est-elle nécessaire au développement de l’enfant ?

frustration enfant

La frustration déclenche souvent des crises de colère chez l’enfant. Faut-il pour autant tout faire pour l’éviter ou la diminuer ? Rien n’est moins sûr. La capacité à différer la satisfaction de ses désirs constitue un principe éducatif de base. Sinon comment vivre sereinement sans être capable de patienter ou de surmonter un échec ?

Comment la frustration influence-t-elle l’apprentissage et la résilience chez les enfants ?

La loi encadre très précisément les obligations des parents envers leurs enfants mineurs. Les parents doivent « veiller sur l’enfant (santé, éducation, patrimoine) et le protéger (hébergement, nourriture) » (source Ministère de la justice). D’un point de vue légal donc, les parents pourvoient à l’ensemble des besoins essentiels de l’enfant, c’est-à-dire à ses besoins primaires. En outre, la loi porte aussi obligation d’éducation pour les moins de 16 ans et stipule que ceux-ci doivent être inscrits dans un établissement scolaire ou bénéficier d’un enseignement à domicile (autorisé sous certaines conditions).

La frustration incite à l’autonomie des enfants

Il faut bien distinguer la frustration de la privation, cette dernière découlant de la maltraitance. On entend par frustration, l’accession (raisonnablement) différée aux divers besoins d’une personne. Elle peut donc concerner des besoins primaires, tels que l’alimentation ou le sommeil. Lorsque le nourrisson se réveille parce qu’il a faim, il doit faire face à un délai de latence pour satisfaire son besoin. Même si les parents sont très réactifs, ils ne peuvent éviter un moment de léger stress ou d’insatisfaction. C’est non seulement inévitable, mais normal, voire bénéfique pour le développement de l’enfant.

En effet, dès son plus jeune âge, le nourrisson s’accoutume à ne pas trouver de satisfaction immédiate à ses besoins. Bernard Golse*, psychiatre spécialiste du développement de l’enfant, explique que dès 6 mois l’enfant s’adapte aux déficiences de son environnement. « À ce stade, les frustrations brèves sont donc nécessaires car elles stimulent le développement du fonctionnement mental ». L’enfant comprend qu’il va obtenir ce dont il a besoin en écoutant son parent le rassurer pendant qu’il patiente. Au fil des mois, il identifie les sons liés à la préparation de son repas. Il s’ouvre vers l’extérieur pour sublimer son attente en temps de jeu ou d’observation. De cette frustration découle l’acquisition de l’autonomie.

bébé qui boit son biberon tout seul
©Canva Pro

La frustration comme moteur de résilience

Bien souvent, l’enfant dont les désirs ne sont pas comblés prend l’initiative de faire tout seul. Le parent est occupé au moment d’enfiler le pyjama ? Qu’à cela ne tienne, le tout-petit décide de tenter l’expérience tout seul. En prenant soin de placer son enfant dans des situations de prise d’autonomie adaptées à ses capacités, le parent l’aide à devenir plus indépendant. Les enfants dits « débrouillards » sont ceux à qui on a laissé le soin d’essayer et de faire à leur façon. Par exemple, très tôt l’enfant est capable de s’alimenter seul. Certains bébés aiment tenir leur biberon, d’autres manger des morceaux avec leurs doigts. Lorsqu’on fixe des règles simples sans insister à outrance sur la propreté, les tout-petits acquièrent rapidement une certaine autonomie dont ils sont fiers.

En confiant des tâches ménagères simples et sans danger à un enfant, on lui donne aussi l’occasion de s’affirmer et de s’engager physiquement dans une action. Il n’y a par exemple aucun danger à essuyer la table ou à balayer quelques miettes. Le résultat n’a pas besoin d’être parfait, il sera perfectible comme dans toute action humaine. Et c’est une bonne initiation à la persévérance et à l’amélioration que d’y convier ses enfants. Évidemment certaines tâches leur plaisent plus que d’autres, comme mettre en route le lave-linge ou fermer la porte à clé. Faire comme un grand revêt un caractère ludique et une promesse de grandir très séduisants pour les plus jeunes.

enfant qui balaie les feuilles mortes gérer la frustration par l'autonomie
©Canva Pro

En somme, la frustration, même vis-à-vis des besoins primaires de l’enfant, fait partie du quotidien. Lorsque l’enfant l’expérimente, il développe ses capacités de résilience pour faire face aux épreuves et imprévus inhérents à l’existence.

Comment se manifeste la frustration chez l’enfant ?

Les origines de la frustration chez l’enfant concernent deux grands domaines : l’attente et le refus parental. Toutes les situations où l’enfant éprouve des désirs qu’il ne peut combler immédiatement sont susceptibles de générer du mécontentement. Par exemple, il doit attendre le goûter pour avoir le droit de prendre un bonbon. MAIS le paquet de crocodiles offert par mamie est tellement tentant qu’il traine près du placard dans l’espoir que le sachet lévite discrètement jusqu’à lui. Dans ces cas-là, les enfants bombardent de questions leurs parents avec des phrases qui démarrent souvent par « POURQUOI ???? ». Pourquoi je dois attendre ? Pourquoi je ne peux pas en prendre juste un ?

Frustration et période d’opposition

Dans la période d’opposition, ces temps de latence où l’enfant est sommé de différer son besoin ou son désir débouchent parfois sur de puissantes colères. Les gros mots fusent et les punitions et isolements au coin s’enchainent. Au point que les parents, épuisés de devoir constamment recadrer leur enfant, en viennent à qualifier son comportement de « difficile » ou de « capricieux ». L’énervement et les cris ne font qu’accentuer la frustration des petits qui se sentent mal compris, voire mal aimés. C’est pourquoi il est important de demeurer ferme tout en veillant à un ton neutre et un niveau sonore mesuré.

Par ailleurs, un enfant peu habitué à essuyer un refus n’a pas les armes suffisantes pour affronter la frustration. Il se met en colère à la moindre occasion, se renferme, boude, pleure. Il lutte contre le désir qui le submerge et ressent de la détresse et de l’impuissance. En général, intervenir systématiquement pour corriger cet état n’est pas une bonne idée. Il faut justement que l’enfant expérimente ces sentiments pour comprendre qu’ils sont transitoires et être capable de les reléguer au second plan. Le cerveau multitâche hiérarchise les priorités. Après une brève sensation de frustration, l’envie de bonbon s’apaise et l’enfant retourne jouer. Il fait confiance à l’adulte pour l’avertir de l’heure où il sera autorisé à accéder à son désir.

frustration et comportement enfant qui boude
©Canva Pro

Accompagner l’enfant lors de son développement psycho-moteur

De même, les frustrations liées à une incapacité à réaliser une tâche – enfiler ses chaussettes, faire un puzzle, grimper à l’échelle du toboggan… – renvoient l’enfant à son sentiment d’impuissance. Encouragé et accompagné dans son développement moteur par des activités et matériels adaptés à son âge, l’enfant progresse en acquérant de la confiance en soi. La frustration agit alors comme un moteur motivationnel. Par exemple, pour réussir à se déplacer à vélo, l’enfant persévère tout l’après-midi jusqu’à y parvenir tout seul.

Si l’ignorance et l’absence de maîtrise sont sources de frustration, cette dernière s’avère un tremplin pour y remédier !

Comment gérer la frustration chez l’enfant ?

La frustration fait partie d’un processus normal dans le développement de l’enfant. Pour autant, elle peut être difficile à vivre au sein de la famille. Néanmoins, on peut adopter quelques principes de base qui modèreront les crises.

Comment établir des limites tout en favorisant l’autonomie chez l’enfant ?

Fixer des règles claires

L’enfant a besoin de repères précis pour évoluer au quotidien. La mise en place d’une organisation familiale et de rituels le rassure et lui fournit un cadre stable pour grandir et s’améliorer. Les règles parentales assurent un rôle de garde-fou en établissant les limites. Afin d’éviter toute ambiguïté, la règle doit être exprimée en des termes compréhensibles par l’enfant. Elle sera explicitée et éventuellement affichée pour référence. Par exemple, il est interdit de manger des sucreries en dehors de celles autorisées ponctuellement au goûter. Ou encore, pour attraper un verre dans le placard, il faut prendre le marchepied et non pas grimper sur le tabouret.

En intégrant les règles et en les respectant, l’enfant s’adapte à son environnement et cherche des solutions intermédiaires pour arriver à ses fins. En comprenant pourquoi il est dangereux de monter sur le tabouret, il développe sa pensée logique et parvient à résoudre plus facilement les situations problèmes. Par exemple, si le marchepied est mouillé il pourra prendre l’initiative de l’essuyer, trouver une alternative ou demander de l’aide.

frustration et relation parent enfant
©Canva Pro

Nourrir le dialogue pour entretenir une relation de confiance parents/enfants

Bien souvent l’enfant est tenté de rendre ses parents responsables de ses frustrations. Ce sont eux qui s’opposent à ses besoins et envies et font donc figures d’opposants. Pour sortir de cette spirale négative tout en conservant une autorité parentale saine, le dialogue reste encore et toujours la meilleure voie pour entretenir une relation de qualité avec son enfant. Le dialogue n’implique pas une négociation permanente des limites, mais constitue le ciment de la relation de confiance entre les parents et leurs enfants. Une fois la règle établie et intégrée, elle ne doit plus être justifiée. La communication s’enrichit alors d’échanges ludo-éducatifs. Mais elle peut aussi impliquer des conversations plus sérieuses liées à la spiritualité, aux valeurs morales et philosophiques défendues par les parents.

Lorsqu’on aborde avec un jeune enfant des questions éducatives fortes, on lui montre qu’on le considère comme un être à part entière. L’idée que l’enfant serait un être imparfait et inachevé a longtemps parasiter les relations enfant/adultes. Or l’enfant est à la fois un être unique et un individu en construction. Parents et éducateurs composent en permanence avec cette dialectique. Rien n’est figé dans le marbre et nul ne peut prédire ce que deviendra un tout-petit. Mais ce qui est certain c’est que le socle de la personnalité et les capacités de résilience prennent racine dans les échanges parents/enfants. Un dialogue constant et attentif accompagne et encourage l’enfant dans la construction de soi. Il l’aide à concevoir ses frustrations comme un moteur et non comme un frein, pour y puiser motivation et résilience.

gérer la frustration des enfants par le lien affectif
©Canva Pro

Gérer les émotions liées à la frustration

Les parents montrent à leurs enfants comment reconnaitre et analyser leurs émotions. C’est la clé de voûte pour une bonne communication. Pour savoir exprimer ce qu’on ressent et ajuster ses réactions. L’enfant apprend à mettre des mots sur les différents flux émotionnels qui l’agitent, créant ainsi une distance protectrice. La frustration ne doit pas être refoulée, au risque de créer des perturbations psychologiques. Elle doit pouvoir être entendue pour être maîtrisable. Ainsi, si l’enfant manifeste une forte agitation face au refus d’allumer les dessins-animés, il faut prendre le temps de l’écouter. Tu avais envie de regarder Petit Ours Brun ? Oui, je comprends, ses aventures sont vraiment passionnantes. Mais à présent, c’est l’heure du bain. Tu pourras regarder après.

En fonction de l’âge de l’enfant, la réponse variera, mais la finalité est la même : le développement émotionnel de l’enfant. Le parent montre qu’il a compris le désir de son enfant. Il ne le rabaisse pas et lui reconnait sa valeur propre : vivre les aventures du petit ursidé. Tout comme dans la vie d’adulte, les souhaits ne se réalisent pas toujours et, dans tous les cas, rarement dans l’immédiateté. C’est donc rendre service à son enfant pour sa vie adulte future que de le laisser expérimenter la frustration.

Par ailleurs, la gestion de l’échec revêt un rôle tout aussi fondamental pour s’armer contre les épreuves de la vie. Les échecs sont normaux et inhérents à tout projet. Pour réussir, il faut souvent être passé par plusieurs déconvenues. Celles et ceux qui sont capables de le comprendre et de l’accepter, peuvent poursuivre leur chemin. La citation de Nelson Mandela nous éclaire utilement à ce propos : « Je n’échoue jamais, soit je réussis, soit j’apprends ».

Quelques astuces de parents pour aider les enfants à dépasser leurs frustrations

Pour faire face à un quotidien parfois houleux, les parents usent de petites astuces anti-frustration. Même s’il n’y a pas d’antidote, l’éducation parentale peut agir préventivement contre les colères liées à la frustration.

Les activités calmes pour enfants

Habituer son enfant à prendre le temps d’une respiration maîtrisée et consciente facilite la gestion des émotions. Plusieurs activités anti-stress permettent de maintenir une bonne hygiène mentale :

activités enfants pour les aider à dépasser leur frustration
©Canva Pro

Travailler sa confiance en soi pour vaincre la frustration

L’enfant choisit une activité extra-scolaire qui lui plait et dans laquelle il peut s’épanouir. Cela lui permet de relativiser certains échecs et de se confronter à des exigences différences de celles de l’école ou de la famille.

En particulier, les activités pour enfants s’inspirant du spectacle vivant regorgent de possibilités : théâtre, improvisation, cirque, mime, marionnettes, chant, danse, pratique instrumentale, chorale et fanfare etc. Ces activités enseignent la persévérance, la patience et développent les capacités d’attention. Elles s’appuient sur les émotions traduites par le son et le corps. La notion de « discipline » est très présente, car ces activités nécessitent de l’entrainement. De même, chacun s’adapte à son partenaire ou au groupe pour apporter sa contribution. Au théâtre, les dialogues s’enchainent, tout comme chaque instrument joue sa partition.

Les parents encouragent leurs enfants et peuvent recourir au cadeau émotionnel pour les gratifier. Lorsque l’enfant a suffisamment confiance en lui, il peut prendre des risques mesurés pour se dépasser. Même s’il ressent toujours de la frustration, il sait qu’elle est passagère et qu’il va trouver une solution pour réussir.

Faire diversion : la technique imparable avec les tout-petits

Pour faire oublier à un bébé ou un jeune enfant un mécontentement passager, la diversion est le meilleur remède ! L’enfant n’a pas réussi à enfiler la grosse perle dans le fil de laine, il s’agace, MAIS vous lui montrez un drôle de pigeon blanc qui passe sur le rebord de la fenêtre. Le fil de laine est oublié et une fois le calme revenu l’enfant parvient à le glisser dans le trou. Ouf !

Avec des enfants plus grands, on s’orientera plutôt vers la meilleure façon de « se changer les idées ». Elle n’a pas marqué de but avec son équipe aujourd’hui, MAIS vous avez besoin de son aide pour concocter un délicieux marbré au chocolat pour l’anniversaire de papy !

De même, en prenant le temps de faire une partie de jeu de société, de lire une histoire, de faire une promenade dans les bois etc. vous offrez à votre enfant une soupape pour décompresser et relativiser ses problèmes. Évidemment cela fonctionne pour tout le monde, petits et grands ! La frustration passe au second plan et le cerveau est alors plus apte à mobiliser de nouvelles ressources pour résoudre une difficulté. La famille est un lieu propice à l’entraide et à l’écoute attentive. La diversion et la distraction sont des moyens d’apaisement que toute parentalité positive utilise pour réduire les tensions.

liens frères et soeurs climat familial
©Canva Pro

Apprendre à partager et gérer les conflits entre frères et soeurs

Par ailleurs, il existe de nombreuses astuces pour éduquer les enfants à partager leurs jeux et jouets, ce qui vous évitera d’affronter des frustrations inutiles. De même, certains conflits entre frères et soeurs reposent sur la jalousie et la frustration. Apprendre à les décoder et agir préventivement limitent la survenue de crises et les complications psychologiques nécessitant une prise en charge.

La frustration est une réaction psychologique normale chez l’enfant qui apprend et grandit. Pour gagner en autonomie, il doit remporter des victoires sur lui-même, sans se décourager. Finalement la frustration sert de levier motivationnel et permet à l’enfant de développer ses ressources mentales, sa résilience face à l’adversité. Pour éviter que la frustration ne tourne à la confrontation ou plonge l’enfant dans le désarroi ou la dépression, certaines mesures préventives ont fait leurs preuves. Un dialogue constant, des encouragements et des activités adaptées pour développer la confiance en soi, mais aussi des distractions aux moments critiques… L’objectif n’est pas d’annihiler toute frustration, mais de mieux encadrer pour préserver le climat familial.

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*sous la direction de Bernard Golse, Le développement affectif et cognitif de l’enfant, Elsevier Masson, Issy-les-Moulineaux, 2015.

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