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Comment favoriser l’autonomie de mon enfant ?

autonomie enfants

Devenir autonome pour un enfant c’est grandir bien sûr, mais c’est aussi approfondir sa connaissance du monde. L’acquisition de l’autonomie fait partie du chemin de vie de chaque être humain. Il démarre dès la petite enfance et se prolonge jusqu’à l’âge adulte. En fonction de l’âge et de la maturité de chacun et chacune, les aptitudes à faire seul fluctuent. Que peut-on demander à un enfant de 3 ans ? de 6 ans et plus ? Où placer le curseur pour que les tâches à accomplir ne soient pas une corvée mais un geste librement consenti ? La question peut faire sourire. Mais au final il s’agit bien de la définition de l’autonomie : être capable de faire quelque chose, sans qu’on nous l’ait demandé.

Quels sont les enjeux de l’autonomie pour les enfants et les parents ?

Avant d’apporter quelques repères et idées pour favoriser l’autonomie des enfants, il peut être utile de rappeler quels en sont les avantages.

On parle d’autonomie quand l’enfant peut réaliser seul une tâche motrice ou intellectuelle. En fonction de son âge et donc de son développement psycho-moteur, les habilités conditionnent les possibilités.

Maria Montessori, célèbre pédiatre et pédagogue italienne, résume bien l’enjeu de l’acquisition de l’autonomie chez l’enfant. Pour elle, « l’essence de l’indépendance est de pouvoir faire quelque chose pour soi même ». Ce qui revient à dire que toute liberté est conditionnée à cette faculté à se prendre en charge. Cela englobe aussi bien le domaine de la santé physique (soin du corps, hygiène alimentaire et physique, sommeil) que mentale (savoir se protéger et conduire sa vie en harmonie avec sa personnalité).

Par ailleurs, l’indépendance est le souhait de tout parent pour son enfant. L’adulte donne les possibilités de la désirer et met en oeuvre les conditions pour l’atteindre. En définitive, l’enfant porte en lui cette force de vie qui le pousse à se prendre en charge. Il veut choisir ses vêtements, faire ses lacets, aller acheter le pain seul etc. Il a besoin d’acquérir cette expérience solitaire qui forge son émancipation.

accompagner son enfant vers l'autonomie

Bien sûr les parents servent de garde-fous pour ne pas brûler les étapes. Ils connaissent, guident et conseillent leurs enfants. Ils veillent discrètement au bon déroulement des opérations et s’astreignent à limiter leur intervention à un accompagnement bienveillant. Pas facile de lâcher du leste parfois ! Enfin, ils comprennent et respectent la volonté d’indépendance de leur enfant. Car ils savent que l’autonomie outille les enfants pour aborder sereinement l’âge adulte, ses joies comme ses aléas.

©Guillaume de Germain pour Unsplash

Quels sont les différents stades d’acquisition de l’autonomie chez les enfants ?

Autour de 2 ans : premiers élans d’indépendance

Avant l’âge de 2 ans, il est difficile de demander à un enfant d’être autonome. Son développement concerne principalement la coordination de ses capacités sensorielles et motrices. Le bébé ne fait pas encore de lien de cause à effet. Il est entièrement dans l’action et expérimente beaucoup par le toucher et le goût. Passé deux ans, l’enfant commence à se représenter les objets, à les penser même lorsqu’ils ne sont pas présents.

Ainsi, vers 2 ans, il est déjà capable d’effectuer des gestes simples comme mettre la table, ranger ses jouets. Même s’il ne comprend pas forcément la portée de ses actions, il éprouve du plaisir à faire comme les grands. Et cela constitue déjà un moteur indéniable vers la quête d’autonomie. Laisser le loisir à l’enfant d’explorer son environnement et de participer aux travaux domestiques contribue à lui reconnaître des capacités, une possibilité d’évolution, de progrès. Ce qui lui donne accès à la confiance en soi et l’encourage à vouloir se dépasser. C’est l’âge aussi où il aime suivre les aventures de ses héros préférés, comme Petit Ours Brun ou Sam Sam. Leurs histoires mettent souvent en scène le quotidien et des problématiques qui leur sont proches (pot, sieste, doudou, repas, bain…).

Vers 3 ans : l’acquisition de la propreté marque une étape importante de l’autonomie de l’enfant

Autour de 3 ans avec l’acquisition de la propreté, on considère que l’enfant franchit une étape importante vers l’autonomie. Ce moment coïncide aussi avec l’âge du non pendant lequel l’enfant s’affirme et instaure la distance nécessaire à son développement individuel. Cette revendication d’indépendance constitue un excellent tremplin pour réaliser encore plus de tâches seul. L’enfant se lave, s’habille et mange presque comme un grand.

Puis au cours des années de maternelle, il acquiert de l’assurance, réalise des tâches de plus en plus complexes. Il comprend les consignes de sécurité dans la rue, respecte les règles lors de ses déplacements à trottinette ou à vélo (port du casque, feu tricolore…). Il participe de plus en plus aux discussions, a des idées bien arrêtées sur le choix de ses tenues, sa coiffure… Son imagination se développe et il aime écouter des histoires qui lui font découvrir de nouveaux univers narratifs.

À partir de 4-5 ans, on peut lui demander de mettre la table, débarrasser, passer le balai, nourrir les animaux, étendre le linge, aider à ranger les courses. Toutes les tâches qui nécessitent de classer, ranger et trier sont tout à fait réalisables. Elles devront rester brèves et ciblées pour conserver leur attrait. Quelques minutes seulement deux à trois fois par jour pour garder un bon niveau d’attention.

©Terricks Noah pour Unsplash

autonomie des enfants d'âge maternel

L’âge primaire voit un développement important de l’autonomie des enfants

Avec l’apprentissage de la lecture, l’enfant entre définitivement dans le monde adulte. Il a accès à un ensemble de données et de connaissances orales et écrites qui améliorent sa compréhension du monde. Ainsi, il commence à se préoccuper de ses proches, du bien-être des animaux qui ne sont plus que de simples compagnons de jeu, des enjeux de société (pauvreté, environnement…). Entre 6 ans et 10 ans, le développement psycho-affectif des enfants les conduit à s’interroger sur leur propre trajectoire, à se projeter dans le futur.

Alors que le jeune enfant manifeste une présence intense au quotidien, les enfants d’âge primaire explorent tous azimuts des horizons plus lointains. Ils maîtrisent mieux leurs mouvements et leurs émotions et peuvent passer de longues heures à s’occuper tout seul. Ainsi, certains se passionnent pour l’Histoire, les sciences, la géographie, le monde animalier, dévorent des romans… D’autres deviennent experts dans un domaine de prédilection : tout savoir sur les éléphants, connaître l’histoire de la conquête spatiale par coeur…

De même, ils peuvent assumer des tâches plus complexes au quotidien : étendre le linge, vider le lave-vaisselle, plier et ranger le linge, préparer un repas simple, faire le ménage dans leur chambre etc.

Les théories du développement psycho-affectif de l’enfant

La théorie du développement la plus réputée est sans doute celle de Jean Piaget qui compte 4 stades :

  • sensori-moteur (de la naissance à environ 2 ans)
  • pré-opératoire (de 2 à 7 ans)
  • opératoire concret (7 – 12 ans)
  • formel (12 – 16 ans)

Elle est toujours largement enseignée en psychologie du développement. En outre, les professeurs des écoles intègrent les théories de Piaget lorsqu’ils préparent leurs séances d’apprentissage. En effet, ils adaptent les contenus didactiques et les méthodes et outils aux capacités et habiletés sensori-motrices et psycho-affectives de leurs élèves. Au cours de son développement l’enfant acquiert des facultés qui lui permettent d’accéder au raisonnement abstrait (à partir du stade 3 et surtout au stade 4). En fait, entre 7 et 12 ans, l’enfant développe une « mobilité croissante au niveau de ses structures mentales » et de ses réflexions (source psy-enfant.fr).

Ainsi, il est capable de comprendre d’autres points de vue et commence à mobiliser des capacités d’abstraction, même si elles portent encore uniquement sur des éléments concrets. Pendant cette période, l’enfant acquiert de l’autonomie dans son travail scolaire. Il est capable de faire ses devoirs seul et de demander de l’aide quand cela est nécessaire. De même il commence à bien se repérer dans l’espace et peut effectuer des trajets seul pour se rendre en cours ou à ses activités extra-scolaires. Il peut faire quelques courses, à condition de lui donner un objectif familier et concis.

les pré ados et adolescents se déplacent en autonomie

Ces premières expériences sont fondamentales car elles préparent l’autonomie de déplacement au collège. Or les chiffres de la sécurité routière montrent un pic d’accidents de circulation justement chez les jeunes de 11 ans. Il semblerait que les jeunes n’aient pas acquis une autonomie suffisante dans leurs déplacements piétons. Les programmes prévoient certes une sensibilisation à la sécurité routière vers le CM2, mais elle n’est pas mise en pratique au quotidien. Or plus on multiplie les expériences, plus on développe ses capacités d’attention et de vigilance.

©Aedrian pour Unsplash

Côté théorie psychanalytique, vers l’âge de 9 ans, l’enfant entre dans une phase de latence qui lui laisse tout le loisir de se consacrer à l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences. Ce socle pourra être mis à mal dans une première phase adolescente mais ressurgir plus tard avec la maturité (âge adulte). À titre d’exemple, les statistiques portant sur la lecture des jeunes montrent un pic de lecture de romans (intériorisation intense) chez les 9-12 ans (8,4 livres en moyenne sur les trois derniers mois). Cette moyenne chute à 5,3 au collège et à 3,4 au lycée. Cédant la place à une phase de socialisation intense et une augmentation du temps d’écran.

L’acquisition de l’autonomie s’étend de la petite enfance à l’âge adulte et représente une victoire pour soi-même. Terminons avec une pensée de Marc-Aurèle : “Développe en toi l’indépendance à tout moment, avec bienveillance, simplicité et modestie.” (Pensée pour moi-même)

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