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Comment favoriser l’acquisition du vocabulaire chez les enfants ?

lettres pour fabriquer des mots vocabulaire

Lorsque l’on s’intéresse au développement du langage chez l’enfant, on distingue plusieurs stades. Les bébés apprennent par imitation et répètent les mots qu’ils entendent fréquemment : papa, maman, le lait, bébé, encore, tombé etc. L’usage de ce vocabulaire est destiné à désigner les objets et personnes de l’environnement proche, ainsi que les sensations (chaud, froid, faim, soif…). Puis vient une deuxième phase où l’enfant évoque des évènements du passé récent. Il commence à former des phrases en employant « je » ainsi que des verbes d’action. Vers deux ans, il emploie environ 300 mots. À partir de ce stade, le vocabulaire ne cesse de s’enrichir au gré des expériences du quotidien. Alors comment favoriser l’acquisition de nouveaux mots et la pertinence de leur emploi chez les plus grands de 3 à 7 ans ?

À quoi sert le vocabulaire ?

Exprimer clairement et fidèlement ses pensées

Disposer d’un vocabulaire étendu permet de s’exprimer plus clairement et ainsi de se faire comprendre. Nicolas Boileau, l’homme de lettres du Grand Siècle, affirmait que « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément ». Cela parait une évidence, mais derrière cette citation on ne peut s’empêcher de penser que nous devons d’abord disposer d’un vocabulaire suffisamment riche pour transmettre notre pensée, sans la trahir.

Ce constat met en lumière trois éléments clé de la maîtrise du vocabulaire :

  • la connaissance passive d’un mot,
  • la compréhension de son sens et
  • son réemploi dans un contexte.

En outre, il ne faut pas oublier que le vocabulaire concerne la communication orale et écrite, mais qu’il se déploie aussi dans nos pensées et réflexions. Notre petite voix intérieure en dialogue constant avec nous-mêmes mobilise aussi le lexique.

L’enseignement du vocabulaire à l’école

Par ailleurs, le vocabulaire est une discipline scolaire travaillée dès la maternelle. Les objectifs didactiques de cet enseignement reposent sur une meilleure compréhension de la langue et de son fonctionnement. Il comprend les familles de mots avec leurs dérivés, les préfixes, suffixes, synonymes et antonymes etc. L’enfant s’exerce à construire et déconstruire les mots pour développer ses capacités métacognitives. Le bénéfice attendu est le réinvestissement en situation de communication.

En sus de ce volet « technique », les enfants sont invités tous les jours à s’exprimer à l’oral et à l’écrit. Il en va ainsi dans toutes les matières. Ils apprendront les mots qui désignent les différentes parties de l’armure d’un chevalier. Ils écriront une phrase pour résumer une expérience sur l’eau en employant les termes adéquat (ruissellement, évapotranspiration…). De cette façon, il y a un va-et-vient constant entre un apprentissage par coeur des mots, un réinvestissement de l’étude de la langue et une mobilisation du lexique dans des situations d’évaluation.

enseignement du vocabulaire à l'école

L’enseignement proprement dit du vocabulaire ne réclame pas de connaître des mots, mais plutôt leur origine et leur fonctionnement. Comme savoir que le préfixe « dé » indique le contraire du radical (défaire, décoller, déconnecter…). Ou encore que « jardinage » fait partie de la même famille que « jardin ».

©Canva

Au final, « l’enjeu de l’enseignement du lexique à l’école est de permettre la réussite de tous les élèves. […]. [En effet], d’après des estimations faites, 60% du vocabulaire employé par les manuels de 6ème ne seraient pas acquis par les élèves, ce qui peut constituer bien évidemment un obstacle à l’apprentissage.  » (source Académie de Strasbourg). De même, l’apprentissage de la lecture repose aussi sur l’aspect sémantique : l’enfant reconnaît le sens des mots qu’il déchiffre. Ce qui facilite sa maîtrise progressive de la lecture.

Quelles activités permettent d’enrichir le vocabulaire d’un enfant ?

Cependant, à la maison, il va être difficile de mettre en place des exercices de type scolaire, perçus souvent comme peu ludiques. Heureusement, il existe de nombreuses possibilités d’apprendre tout en s’amusant.

Multiplier les situations de langage pour convoquer le vocabulaire

Selon l’adage « c’est en faisant qu’on apprend », multiplier les situations de communication stimule l’activation du vocabulaire passif. En effet, les mots que nous connaissons mais dont nous ne nous servons jamais ne sont pas accessibles à notre mémoire immédiate. Mettre en place des situations qui font appel à un usage plus pointu du vocabulaire incite à recourir à des mots moins fréquents. Lorsqu’on les utilise, il s’effectue comme une mise à jour système ou un rafraîchissement de la page si vous préférez. Et quand on multiplie les occurrences, ces mots réactivés intègrent notre bagage actif, c’est-à-dire facilement mobilisable.

Comment mettre en place ces situations de langage ? Tout d’abord, il faut bien intégrer les différentes situations de communication : devant public, en dialogue parent/enfant ou entre pairs. De même qu’il faut aborder les différents types de discours : descriptif, injonctif, narratif, explicatif… Ainsi, l’enfant peut avoir recours à des niveaux d’expression variés (niveaux de langage, syntaxe et grammaire, temps de conjugaison). Et user du langage oral ou écrit approprié à chaque circonstance.

dialogue entre enfants

Par exemple, le langage d’évocation permet de faire exister par la parole ou l’écrit ce qui n’est pas ou plus là. L’enfant pourra parler d’un être ou d’objet absent et l’inscrire dans des événements imaginaires ou réels. Il évoquera une expérience vécue, formulera des hypothèses et se projettera dans un avenir plus ou moins proche. Lorsqu’il parle hors situation, l’enfant fait appel au langage de l’abstraction. Grâce à celui-ci, il peut accéder à l’ensemble des connaissances du monde.

© Saeed Karimi pour Unsplash

De nombreuses situations de langage jalonnent la journée d’un enfant. Au lever, il peut évoquer ses rêves ou anticiper la journée à venir. À l’école, il interviendra pour répondre oralement ou par écrit, il dialoguera avec ses camarades et avec d’autres adultes. Après l’école, il pourra relater sa journée, parler de ses émotions, se projeter sur ses futures activités de loisir. Puis au moment du diner, il pourra aborder des questions qui le tracassent : conflits avec ses amis, questions relatives à l’actualité, désirs de réussite, gestion des échecs… Il pourra aussi explorer des mondes imaginaires au cours de ses jeux.

Lire et écouter des histoires

Parallèlement à ces efforts de langage et pour en alimenter le contenu et l’expression, les histoires lues et entendues participent à l’enrichissement du vocabulaire.

Depuis tout petit, l’enfant entend les histoires lues par des adultes ou d’autres enfants lecteurs. Grâce à elles, il met en mot ce qu’il voit, ce qu’il ressent, ce qu’il pense. La lecture est une fenêtre ouverte sur le monde. À travers les histoires, mais aussi les voix singulières d’un auteur et d’un illustrateur, l’enfant explore des univers proches ou lointains. Quel que soit l’âge de l’enfant et même au-delà de l’apprentissage de la lecture, la lecture à voix haute par un adulte demeure un instant privilégié dans la relation parent/enfant. Dans ce domaine, les boites à histoires, conteuses, liseuses offrent aussi aux enfants de beaux moments d’écoute.

lire des livres pour enrichir son vocabulaire

La littérature jeunesse, sur support papier et audio, regorge de plumes inventives qui n’hésitent pas à recourir à des mots peu usités, parfois saugrenus ou carrément inventés. C’est le cas de Claude Ponti par exemple qui joue beaucoup avec les mots et lance des défis implicites à ses jeunes lecteurs (mais aussi aux parents !). En cherchant le sens caché de certains mots, on en trouve d’autres et on goûte au délicieux millefeuille de significations cachées et d’intertextualité. Ainsi, qu’évoquent ces néologismes tirés de l’album Le Château d’Anne Hiversère ? (l’école des loisirs, 2004) : splatchouler, splitouiller, rataplatisser et tartislouper ? Immédiatement, on pense à la pâtisserie, au fait de mélanger, de touiller, d’aplatir, de concasser, de tartiner, mais aussi aux éclaboussures (splatch, splitch), salissures, aux ratés éventuels (louper) et aux bruits que font les ustensiles dans les saladiers, ramequins, culs de poule etc.

Comment aider les enfants à mémoriser les nouveaux mots de vocabulaire issus des histoires lues ou entendues ?

En cela la littérature jeunesse constitue un formidable réservoir d’inventivité et de richesse lexicale. Elle est donc le premier vecteur de transmission de mots nouveaux. Alors, deux possibilités s’offrent au lecteur ou à l’auditeur. Soit il comprend le sens du mot inconnu grâce au contexte (et ce sera la manière la plus efficace de le mémoriser). Soit il cherche le sens dans un dictionnaire à travers une définition et d’autres exemples.

Dans les deux cas, les parents peuvent favoriser l’apprentissage de nouveaux mots de vocabulaire ou d’expressions en les réinvestissant. Par exemple, si on continue dans le registre culinaire, nous pourrons convier les enfants (appeler à manger !) à un banquet (sur les bancs de la cuisine !) où ils dégusteront des mets délicats (velouté de carottes ?) qui flattent le palais (au cumin et à l’orange). En jouant avec les mots et en les replaçant dans de nouveaux contextes, on facilite la mémorisation de nouveaux termes. Et plus on maîtrise de mots, plus il est rapide d’en apprendre de nouveaux.

écouter des histoires et des podcasts documentaires pour développer son lexique

N’oublions pas non plus les livres documentaires, véritables mines d’informations pour tous les petits curieux. Cela fonctionne aussi très bien en version audio enrichie de sons et pastilles sonores qui aiguisent l’attention et ouvrent d’autres chemins de mémorisation. Preuve en est du succès des podcasts documentaires de Radio France (BestiolesOlmaLes OdysséesIls ont fait l’histoire…), de Bayard (Les animaux du monde) et de Milan (Mes P’tits docs).

©Lauriane Albrecht

À noter que d’une manière générale, les parents jouent un rôle important dans la transmission du vocabulaire. En reformulant une phrase de l’enfant, ils peuvent révéler un terme plus adéquat, plus précis ou plus soutenu. Par exemple, si l’enfant dit « j’ai mis du rouge là pour faire une boule », on pourra reformuler en parallèle : « Ah oui, je vois que tu as colorié en rouge le nez rond du clown. Il brille comme une guirlande de Noël ! ». L’idée n’est pas de faire la leçon, mais de glisser dans la conversation un langage plus précis et qui surtout met en valeur la production de l’enfant.

Proposer des jeux de société qui font appel au vocabulaire

Par ailleurs, il existe de nombreux jeux de société qui convoquent le vocabulaire. On peut citer par exemple :

  • Vocabulon Junior (Megableu), pour apprendre 1500 mots de la langue française à base d’énigmes et de mots magiques (6-12 ans) ;
  • Dixit (Libellud) est un jeu d’ambiance qui invitate au langage imaginaire et poétique (à partir de 8 ans) ;
  • jeux de cartes à histoires (à acheter ou imprimer) ;
  • le Lynx (Educa) pour nommer rapidement les images que l’on voit (à partir de 6 ans) ;
  • Scrabble Junior (Mattel Games), pour mémoriser aussi l’orthographe des mots (à partir der 6 ans) ;
  • Times up Junior et famille (Asmodée), jeu d’ambiance où les mots comptent pour gagner (à partir de 4 ans)
  • Taboo Junior (Hasbro), pour faire deviner des mots sans en dire certains (à partir de 8 ans).

Sans compter les nombreux jeux éducatifs électroniques qui lancent des défient aux enfants et vérifient la compréhension des mots. Par exemple, pour les 3-5 ans, Nathan propose sa boite de Jeu interactif Electro – Mes premiers jeux qui fonctionne avec un stylo sonore.

Varier les activités pour enrichir le lexique des enfants

Enfin pour terminer, un autre bon moyen d’acquérir du vocabulaire est d’organiser des activités extérieures variées. Il peut s’agir de sorties de plein air pour découvrir la faune et la flore, les paysages etc. Mais aussi de sorties culturelles (musée, concerts, théâtre, cinéma…). Chaque nouvelle expérience ouvre un univers lexical d’autant plus facilement mémorisable qu’il est contextualisé. Or on sait que la mémoire fonctionne aussi avec les émotions. Ainsi, après une visite au château chantier de Guédelon, on a plus de chance de retenir les termes techniques que si on les avait simplement lus dans un livre.

sorties culturelles enfants pour acquérir du vocabulaire

De nombreux lieux culturels accueillent spécifiquement le jeune public à travers des salles dédiées, des parcours guidés, des ateliers. On peut en citer quelques-uns :

  • La cité des enfants à la Cité des sciences et de l’Industrie qui propose deux parcours (2-7 ans et 5-12 ans) pour explorer la physique, l’optique, la mécanique… (Paris)
  • La galerie des enfants du Centre Pompidou (Paris),
  • L’île aux trésors au Mucem (Marseille),
  • La Petite fabrique au Lieu Unique (Nantes),
  • Visite enquête pour les enfants au musée de l’imprimerie et de la communication graphique (Lyon) etc.

©Canva

Côté cinéma, le Festival Cinéma Télérama enfants organise chaque année dans toute la France des séances à 3,50€ l’entrée pour découvrir une sélection de films et animations de qualité pour les enfants de 2 à 13 ans. Des conférences, débats et goûters sont parfois prévus pour échanger sur les films. De quoi parfaire son vocabulaire cinématographique et travailler le langage de l’argumentation !

La gazette de Merlin

Merlin, c’est le cadeau idéal pour les petits curieux de 3 à 12 ans : des histoires, des documentaires, de la musique… et plus encore, dans une enceinte fabriquée en France !