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Mauvaise mémoire ou simple distraction ? 5 astuces de mémorisation pour les enfants

mémorisation enfants

Lorsqu’on est parent, on est frappé parfois par la volatilité de la mémoire des enfants. Alors que la table de 8 est sue à la maison, c’est le trou noir au moment de l’évaluation. A contrario, l’enfant se souvient avec précision d’un jeu de chasse au trésor sur une plage bretonne. Mystère des méandres de la mémoire ? Difficulté de concentration ou trouble de la mémoire ? Voici 5 astuces pour aider votre enfant à améliorer ses facultés de mémorisation (tout en s’amusant) !

Comment fonctionne la mémoire chez les enfants ?

Au cours de l’enfance, le cerveau se développe et avec lui la capacité à retenir des informations. Dès la vie intra-utérine, le foetus perçoit des sons qui laissent des traces dans son cerveau. Le bébé continue d’engranger des informations sensorielles et construit progressivement un premier répertoire mémoriel. Développement cérébral et développement de la mémoire sont concomitants. Pour accompagner cette phase d’activité neuronale qui crée et modifie des réseaux de connections, parents et éducateurs ont intérêt à bien connaitre les différents types de mémoire. Ils pourront ensuite proposer des activités et jeux adaptés à l’âge et au stade de développement de l’enfant pour l’aider à améliorer sa mémoire.

Quels sont les 4 types de mémoire ?

Selon les hôpitaux universitaires de Genève, « chaque mémoire est spécialisée dans le stockage de différentes sortes d’informations » :

  • La mémoire de travail, appelée aussi mémoire à court terme, qui se trouve au cœur du réseau neuronal.
  • La mémoire sémantique et la mémoire épisodique qui fondent la représentation consciente à long terme. 
  • La mémoire procédurale comprend tous les automatismes inconscients (marche, vélo, musique…).
  • La mémoire perceptive concerne les différentes modalités sensorielles (vue, toucher, ouïe, goût et l’odorat). 
enfant qui joue de la guitare capacité de mémorisation ©Canva Pro

Plusieurs facteurs interagissent dans le processus de mémorisation. Si la mémoire immédiate permet de se souvenir d’une suite de nombres, elle s’évanouit si elle n’est pas retenue par d’autres mécanismes. Les apprentissages scolaires tiennent compte de la nécessité de conjuguer plusieurs entrées mémorielles. Ainsi, les comptines sollicitées au cours de rituels font appel à la mémoire perceptive (rythme, mélodie et gestuelle), sémantique (sens de la comptine) et épisodique (le rituel).

©Canva Pro

Comment se déroule la mémorisation ?

Pour mémoriser une information, le cerveau passe d’abord par un processus d’encodage. L’encodage consiste à combiner diverses informations qui forment la représentation d’une entité de sens. Par exemple, pour mémoriser un nouveau nom d’animal, l’enfant lui associe sa forme, sa couleur, son type de déplacement, etc. S’il a aperçu un écureuil dans la forêt le terme aura encore plus de sens pour lui et aussi plus de chance d’être mémorisé rapidement et durablement.

Après l’encodage vient la phase du stockage qui induit une consolidation du souvenir. La répétition et la présentation d’un terme dans de nouvelles situations contribuent au stockage efficace d’une donnée. Ainsi, si l’enfant voit des écureuils à plusieurs reprises, dans différents arbres, puis au sol et qu’il en perçoit les nuances de taille, de couleur, de comportements…, la mise en mémoire se consolide. Enfin, la mémorisation s’achève par la récupération de l’information. La réactivation d’une connaissance dépend de l’encodage d’origine. Par exemple, si on demande à un enfant de citer un animal de la forêt, il pourra réactiver l’écureuil à condition que l’information « forêt » lui ait bien été associée.

Finalement, on constate que plus un souvenir comporte d’informations structurées, plus l’enfant peut le réactiver. De fait, les oublis procèdent souvent d’une insuffisance, d’une incomplétude dans le processus de mémorisation. Cela signifie qu’il faut reprendre la chaîne et vérifier s’il s’agit d’une erreur d’encodage, de stockage ou de réactivation.

Cette dernière phase pose souvent problème aux élèves qui disposent de connaissances sans pouvoir les mobiliser à bon escient. Ainsi, sur le plan scolaire, la résolution de problèmes mathématiques met les élèves fréquemment en difficulté. En effet, elle fait partie des opérations mentales dites « supérieures », car elle réclame de réactiver des connaissances, de les trier, de les comparer et de les combiner.

©Canva Pro

enfant qui réalise une addition mémorisation des nombres et méthodes de calcul ©Canva Pro

Toutefois, l’entrainement systématique et régulier donne d’excellents résultats, car les élèves se familiarisent avec les champs sémantiques et épisodiques des exercices. Ainsi, la réactivation de schèmes permet de bâtir son raisonnement et de s’appuyer sur des occurrences.

Pas de mémoire avant 3 ans ?

La mémoire d’un enfant de moins de 3 ans est limitée mais pas inexistante ! L’enfant mémorise tout ce qui a trait à son quotidien, son environnement. Il dispose d’une connaissance empirique du monde qui repose sur ses cinq sens. C’est pourquoi les jouets destinés aux jeunes enfants sollicitent leur mémoire perceptive. La pédagogue Maria Montessori l’avait bien remarqué lors de ses recherches auprès des enfants. Aujourd’hui, il existe toute une gamme de jeux et activités ludopédagogiques qui consolident les connaissances des tout-petits. Elle se fonde sur la théorie des stades de développement de Jean Piaget.

bébé qui joue à un jeu éducatif de mémoire

Le premier stade concerne le développement de l’intelligence sensorimotrice entre 0 et 2 ans. Puis le second stade met en évidence l’intelligence préopératoire à l’oeuvre chez les enfants entre 2 et 6 ans. Sans la mémoire, l’enfant ne pourrait pas se développer correctement et accéder à des paliers d’intégration plus complexes. En effet, la mémoire allège le travail cognitif, le cerveau n’ayant que les informations nouvelles à traiter.

©Canva Pro

En outre, le développement cognitif de l’enfant dépend de la richesse des interactions avec son milieu. Il s’étoffe tous les jours et inclut l’acquisition du vocabulaire. Le développement de la parole chez le tout-petit procède à la fois de l’augmentation et de l’accélération des connexions neuronales et d’un environnement facilitateur (accompagnement parental, absence d’écrans, stimulations sensorielles et motrices…).

Quel est l’impact de la technologie sur le processus de mémorisation de l’enfant ?

L’enfant de moins de 6 ans n’a pas besoin de la technologie pour se développer. Les recommandations officielles précisent d’ailleurs qu’il vaut mieux tenir éloigner des écrans les enfants de moins de 6 ans.

Les professionnels de la petite enfance se réfèrent à la règle des 3-6-9-12 théorisée par Serge Tisseron pour encadrer les usages numériques : âge, temps d’écran, équipement adapté, contrôle de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux. L’éducation parentale comprend désormais une éducation aux médias et suppose une sélection en amont des technologies. L’objectif est de protéger les enfants des effets de la surexposition aux écrans et des dangers d’Internet.

©Canva Pro

jeune enfant avec un téléphone portable

Parmi ces risques, les pédiatres et spécialistes en neurosciences pointent un déficit de l’attention. Celui-ci s’apparente à un trouble de la mémoire. En effet, le processus de mémorisation est parasité par le manque d’attention dans la phase d’encodage, de consolidation ou de restitution. Certaines études ont montré que « la pratique intensive de ces outils nuit aux processus d’apprentissage et de mémorisation, surtout lorsque cela induit des troubles du sommeil. Or, les troubles du sommeil conduisent à des problèmes de mémoire, telle est la conclusion de l’étude réalisée par les chercheurs Richard Boyce et ses collaborateurs parue le 13 Mai 2016 dans la revue Science » (source Jonathan Chouro, Méthodes d’apprentissage des leçons et de mémorisation utilisées par les élèves au collège, Sciences de l’Homme et Société, 2017).

Comment détecter les troubles de la mémoire chez un enfant ?

En général, les troubles de la mémoire proviennent d’un déficit attentionnel. Ils peuvent être dus à un défaut de motivation ou à un trouble psychologique, ou bien à une pathologie. Dans ce dernier cas, elle est diagnostiquée par un spécialiste, neurologue, orthophoniste ou psychomotricienne, après adressage du médecin généraliste ou du pédiatre.

enfant qui joue à un jeu de mémory

Comment savoir si son enfant souffre d’un trouble de la mémoire ? Lorsqu’il s’agit d’une pathologie neurologique, les troubles s’accompagnent de symptômes flagrants : perte d’équilibre, difficulté d’élocution, troubles de la coordination… Tout comportement inhabituel doit alerter et conduire chez le médecin qui saura orienter son patient vers le service de santé approprié.

©Canva Pro

Parfois, parents et enseignants relèvent des difficultés dans des matières qui font le plus appel à la mémoire : l’orthographe, la poésie, le calcul… Dans un premier temps, il est intéressant de vérifier que l’enfant ne présente pas de trouble DYS (dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, dyspraxie). La difficulté à déchiffrer, à se repérer spatialement, à se représenter mentalement les nombres interfère avec les capacités de mémorisation. Des séances de rééducation ou la mise en place d’un protocole d’apprentissage adapté doivent permettre aux enfants de progresser dans les apprentissages et de palier leur handicap.

Si aucune pathologie n’a été détectée, vous pouvez recourir aux astuces que nous vous proposons et qui ont été testées par de nombreuses familles.

5 stratégies mnémotechniques pour aider son enfant à mémoriser

La répétition en toute situation

On sait que pour mémoriser il faut répéter les informations autant de fois que nécessaire. Toutefois, sans motivation, cette répétition peut tourner à vide. Pour donner envie d’apprendre, rien de tel qu’un jeu et qu’un peu d’incongruité : revoir ses tables en se brossant les dents par exemple. Pas facile, mais plus drôle qu’en mangeant des carottes… quoique ! Vous l’aurez compris, plus vous proposez de situations différentes, plus vous automatisez les informations à mémoriser. Voici quelques exemples de contextes à exploiter pour aider votre enfant à faire ses devoirs (répéter les tables, les auto-dictées, les dates historiques, les scènes de théâtre…) :

  • trajets école/maison, piscine, supermarché etc.
  • sous la douche ;
  • en mettant la table ;
  • en préparant le repas ;
  • en jardinant…

La mise en mouvement du corps aide à trouver un rythme, la marche étant un moyen bien connu des acteur pour apprendre leur texte par coeur. Afin de dépasser ce stade automatique et améliorer la restitution au moment opportun, il faut également varier l’ordre des items à apprendre. Pour les tables, cela signifie de les apprendre dans l’ordre, puis d’inverser les termes de la multiplication et enfin de les énoncer dans le désordre. Les enfants apprennent assez facilement les tables dans l’ordre, d’autant plus qu’ils peuvent recourir à l’addition itérative pour combler leurs oublis. Il n’y a que lorsqu’on les interroge de manière aléatoire que l’on peut être certain qu’ils connaissent leurs tables en profondeur.

Enfin, les plus jeunes apprennent plus facilement lorsqu’ils manipulent, donc vous pouvez solliciter leur mémoire lors de situations pédagogiques incitatives. Par exemple, les jeux de société nécessitent souvent d’additionner les points du dé ou de multiplier par deux ses gains. Autant d’occasions de réactiver sa mémoire des tables d’addition, sa connaissance des multiples, des doubles et des moitiés. Jouer régulièrement aux jeux de société ou demander à votre enfant d’effectuer des courses en autonomie l’aident à réinvestir ses connaissances et contribuent à fixer la mémoire.

©Canva Pro

enfant qui manipule pour apprendre

Séquencer pour encoder par étape à partir de supports visuels et auditifs

En pédagogie, on emploie le terme de surcharge cognitive pour désigner un trop plein d’informations. Et une mise en échec de l’apprentissage. Typiquement, demander à un enfant d’apprendre en une seule fois une leçon de géographie risque fort de ne pas être très efficace. S’il a correctement écouté en classe, il peut avoir retenu quelques informations, mais l’écoute ne participe que pour 11% dans la mémorisation. D’après une étude de l’université du Québec à Montréal l’apprentissage est essentiellement visuel (83%). D’où l’importance de s’appuyer sur des affichages en classe, ainsi qu’à la maison. Vous pouvez réserver un espace dédié aux « actualités » des apprentissages : le verbe avoir au présent, la table de 5, les cinq continents, la carte des fleuves…

affichage pour mémoriser à l'école et à la maison

La prééminence du visuel incite à travailler préférentiellement cette entrée mémorielle à la maison. Et la restitution pourra aussi emprunter les deux canaux écrit et visuel. Ainsi, pour l’apprentissage des mots d’une dictée, vous allez demander à votre enfant de les écrire, mais aussi de les épeler. En outre, lorsqu’il y a trente mots à apprendre, il vaut mieux fractionner en trois fois dix mots, puis rebrasser l’ensemble à distance.

©Canva Pro

Cela nécessite de mettre en place une organisation sur la semaine. Le lundi, votre enfant étudie dix mots et encore dix autres les deux jours suivants. Le quatrième jour est réservé à la révision générale. Puis l’évaluation a lieu le vendredi.

À vous de bien vérifier les devoirs à l’avance pour programmer les apprentissages sur la semaine. La charge cognitive sera plus légère et votre enfant sera aussi plus performant pour se concentrer sur dix mots à la fois. Une fois le travail d’encodage séquencé, la consolidation peut s’effectuer par des jeux de devinettes (quel mot de la liste s’écrit avec deux “t” ? Lequel a quatre voyelles ? etc.). Cette activité ludo-éducative est motivante pour l’enfant qui peut lui aussi poser des questions à son parent. La mémorisation dépend également beaucoup de la motivation, de l’intérêt et du plaisir qui lui est associé.

La mémorisation par les cinq sens

Du nourrisson au jeune enfant, les apprentissages empruntent la voie des cinq sens. Selon ce principe, les entrepreneurs et éditeurs du secteur éducatif ont développé des activités qui mobilisent le goût, le toucher, l’odorat et l’ouïe. Statistiquement, 60% de la population a une dominante de mémoire visuelle,
30% a une dominante auditive et 10% a une dominante kinesthésique. Les enfants connaissent les mêmes dominantes, mais avec une part plus large pour celle qui requiert de faire pour apprendre. En effet, les capacités totales d’abstraction ne sont pas acquises avant l’adolescence. Pour apprendre, les enfants ont besoin de manipuler, de toucher et de se faire une idée concrète des propriétés.

C’est pourquoi, les jeux mathématiques avec bâtonnets, cubes, tiges, pièces de monnaie etc. ont montré leur efficacité auprès des élèves de primaire. De même, à la maison, les parents peuvent proposer des activités de manipulation pour renforcer la mémorisation. Cela concerne l’acquisition des compétences mathématiques, mais aussi langagières. En multipliant les situations de langage, en entretenant le dialogue, ou encore en engageant les enfants dans des jeux de rôles et de devinettes, l’enfant utilise le langage en situation. Ainsi, il mémorise d’autant mieux les nouveaux mots de vocabulaire intégrés dans un contexte. Ce procédé est notamment très efficace pour l’apprentissage des langues vivantes.

Les propriétés musicales au service de la mémorisation

Le rythme et la mélodie accompagnent efficacement la mémorisation. Scander en rythme l’alphabet, la comptine des nombres, les tables, s’avère une entrée intéressante pour les jeunes enfants. La musique crée une ambiance particulière qui réfère une information à une suite de notes. En stimulant la mémoire auditive et en provoquant des images mentales, l’encodage est consolidé par un cadre attractif associé au plaisir. Le mouvement accompagne souvent la musique : rythme corporel, gestuelle, danse…

Les propriétés pédagogiques de la musique sont multiples et bien connues en maternelle. Mais elles fonctionnent aussi en primaire où certains enseignants les mobilisent pour faciliter les apprentissages. Il peut s’agir d’une imprégnation musicale pour illustrer une époque historique, d’une adaptation comme la version chantée d’un poème appris en classe (Demain dès l’aube de Victor Hugo interprété par Les Frangines par exemple).

https://www.youtube.com/watch?v=SGLv4XoiLo8

L’anecdote mobilise la sémantique et les émotions

Enfin, dernière astuce et moyen mnémotechnique réputé : la phrase ou l’histoire qui aide à se souvenir d’une règle. Tout le monde connait la formule « Mais où e[s]t donc Ornicar ? » qui aide indéniablement à retenir la liste complète des conjonctions de coordination. Vous pouvez vous amuser à en trouver d’autres ou inciter votre enfant à créer ses propres repères et astuces. Les plus personnels sont aussi les plus efficaces. Il peut s’agir d’une phrase qui rassemble tous les mots ou bien des mots dont les initiales donnent accès à une liste à mémoriser (ICSI pour les modes de conjugaison indicatif/ conditionnel/ subjonctif/ impératif) ou encore un seul mot composé de plusieurs amorces (SoLiGa pour solide/liquide/gazeux, les trois états de l’eau). Il est possible aussi de créer des vers ou des rimes. À chacun de trouver sa formule !

Le moyen mnémotechnique doit être simple et facilement mobilisable, mais peut aussi se référer à une histoire qui permet de raviver les connexions neuronales. Par exemple, pour retenir les noms de planètes du système solaire, cela peut donner : « Mercure invite Vénus à visiter la Terre, ce qui rend Mars rouge de colère. Il hésite à lui offrir les anneaux de Jupiter ou ceux de Saturne. Finalement, ils se rendent sur Uranus pour admirer la belle couleur bleu de Neptune ».

Et chez vous, quelles sont vos astuces pour aider vos enfants à mémoriser ? Si vous voulez nous les partager, rendez-vous sur nos réseaux sociaux FB et Instagram !

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