
Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
Entre 3 et 5 ans, les besoins en sommeil de l’enfant évoluent, tout comme son rythme de vie. Si la sieste est encore bien présente en petite section, elle disparaît souvent dès la moyenne section de maternelle, où les apprentissages de l’après-midi prennent le relais. Pour de nombreux parents, cette transition soulève des questions : mon enfant a-t-il encore besoin de dormir après le déjeuner ? Faut-il forcer ou laisser faire ? Et comment accompagner cette étape sans perturber l’équilibre de la journée ? Avant de programmer l’arrêt de la sieste, une réflexion sur les rythmes de votre enfant s’impose. Savoir quand et comment arrêter la sieste peut s’avérer un défi. Mais il existe des moyens d’accompagner cette transition en douceur. Faisons le point ensemble !
À quoi sert la sieste chez le jeune enfant ?
Avant de supprimer la sieste, il est utile de comprendre le rôle essentiel qu’elle joue dans le développement de l’enfant, tant sur le plan physique que cognitif. Notons tout de suite que chaque enfant est unique. Si certains s’en passent sans difficulté, d’autres auront encore besoin de ce temps de repos, le week-end ou pendant les vacances.
Le sommeil de l’enfant entre 3 et 5 ans : repères essentiels
Entre 3 et 5 ans, le sommeil joue un rôle essentiel dans le développement global de l’enfant. À cet âge, les besoins varient selon les profils. Mais ils se situent généralement entre 10 et 13 heures par jour. Ils incluent le sommeil nocturne et, pour certains, une sieste en journée. La sieste de l’après-midi, juste après le déjeuner, est bénéfique pour la récupération physique et mentale. Elle permet au jeune enfant de recharger ses batteries, d’assimiler les apprentissages du matin et de mieux gérer ses émotions.
Pendant les années de maternelle, ce repos diurne apporte un complément indispensable au sommeil de nuit. En effet, pour la plupart des enfants, le système nerveux est en pleine maturation. La capacité à rester éveillé longtemps sans baisse d’attention reste limitée. Même si tous les enfants ne dorment pas systématiquement pendant ce temps calme, le simple fait de se reposer, de s’allonger et de se couper de l’agitation contribue à l’apaisement. Le sommeil, à cet âge, est donc un pilier fondamental tant pour favoriser la croissance que la stabilité émotionnelle.
Le fonctionnement du corps et du cerveau en lien avec la sieste
La sieste répond à un besoin physiologique réel, en particulier chez les jeunes enfants. Après le repas de midi, le corps connaît une baisse naturelle d’énergie, liée au rythme circadien. Ce creux est observable à tout âge, mais il est plus marqué chez les plus petits. Sur le plan cérébral, la sieste joue un rôle fondamental sur plusieurs points :
- Consolidation de la mémoire,
- Amélioration de la concentration,
- Régulation des émotions.
Il est bon de garder en tête que les recherches en chronobiologie ont montré une diminution de la vigilance et des performances, voire un rejet des informations, à la mi-journée, entre 13h 30 et 15h. De fait, ces études préconisent des pauses régulières pour les enfants de maternelle. Dans les premières années, ce temps de repos diurne participe pleinement au développement cognitif et affectif de l’enfant. C’est pourquoi, supprimer la sieste trop tôt peut engendrer irritabilité, agitation ou fatigue chronique.
Faut-il arrêter la sieste à un âge précis ?
D’après un document de la circonscription de Barentin en Normandie, « la disparition du besoin de sieste survient entre 3 et 6 ans selon les enfants. […] Le nombre de siestes et leur répartition se modifient en fonction de l’âge. »
Une étape liée à l’âge… mais surtout au développement de chaque enfant
Tous les enfants ne suivent pas le même rythme de sommeil, et c’est tout à fait normal. Si certains arrêtent la sieste dès 3 ans, d’autres en ont encore besoin jusqu’à 5 ans, voire au-delà. De manière générale, entre 2 ans et l’arrêt de la dernière sieste, le temps de repos diurne reste stable. Il se situe autour de 1h30 à 2 heures. Des experts du sommeil recommandent d’ailleurs que la sieste débute entre 13h et 13h30. Et elle est censée se terminer avant 15h 30/16h, afin de ne pas perturber la survenue du sommeil nocturne. À l’école maternelle, seule la petite section prévoit une sieste obligatoire, généralement entre 12h 30 et 14h 30/15h avec un réveil échelonné. Néanmoins, il est important de continuer à proposer ce repos à tous les enfants de moins de 6 ans.
La moyenne section marque souvent une transition culturelle et scolaire. En effet, les enfants sont incités à rester éveillés l’après-midi pour participer aux activités pédagogiques. Pour autant, cela ne signifie pas que la sieste n’a plus sa place dans le quotidien de l’enfant. Au contraire, elle peut rester très bénéfique le week-end, pendant les vacances, ou après une journée chargée. L’essentiel est de respecter le rythme propre à chaque enfant, sans le brusquer. Essayez d’observer ses signes de fatigue et de valoriser les moments de repos, même s’ils deviennent plus occasionnels.
Un changement de rythme et de statut : un signe de « maturité »
L’arrêt de la sieste représente souvent une étape symbolique dans le développement de l’enfant. C’est un moment où il peut dire avec fierté : Je suis grand, je n’ai plus besoin de dormir l’après-midi. Ce changement de rythme est bien plus qu’un simple ajustement du planning quotidien. Il marque une prise d’autonomie, une nouvelle capacité à gérer son énergie sans avoir besoin de repos dans la journée. L’enfant apprend peu à peu à réguler ses efforts, à écouter son corps, à mieux doser ses activités et à identifier les moyens de récupérer son énergie. Il comprend de mieux en mieux comment installer une saine hygiène de vie, grâce à l’alimentation, le repos et l’activité physique.
Toutefois, en observant les habitudes d’autres pays, on constate que la suppression de la sieste est loin d’être une étape de transition universelle. Dans d’autres cultures, la sieste est encore largement valorisée, même chez les adultes. En Espagne, en Chine et dans bien d’autres pays, le repos de la mi-journée fait partie intégrante du mode de vie, notamment pour faire face à la chaleur. Ainsi, l’idée selon laquelle ne plus faire la sieste serait toujours un « progrès » gagne à être nuancée. Si elle tend à disparaître dans notre système scolaire, cela ne signifie pas qu’elle est inutile. Chaque enfant évolue à son rythme, et le plus important reste d’accompagner cette transition avec souplesse et bienveillance.
Quelles alternatives à la sieste pour favoriser le repos ?
Si l’arrêt de la sieste est inévitable à l’école, il ne doit pas se faire au détriment du besoin fondamental de récupération de l’enfant. Des alternatives adaptées permettent de respecter le rythme de l’enfant et de prendre le temps de passer cette étape sereinement.
Le rôle du « temps calme » après le déjeuner
Même lorsque la sieste disparaît, il reste essentiel de préserver un moment calme après le déjeuner. Ce moment de pause, même sans endormissement, permet à l’enfant de souffler, de ralentir le rythme et de restaurer son énergie avant de reprendre les activités de l’après-midi. Le temps calme constitue une transition douce entre le repas et les apprentissages. En outre, il offre un cadre rassurant, particulièrement important pour les plus sensibles ou les plus actifs.
Ce moment de sérénité peut prendre différentes formes selon les préférences de l’enfant. Il peut s’agir d’un temps de lecture, d’un coloriage, d’une écoute audio (histoire, conte, podcast), de musique douce, ou même d’une courte séance de méditation guidée adaptée à l’âge de l’enfant. Ces activités, silencieuses et apaisantes, aident à se recentrer tout en respectant le besoin de repos.
C’est aussi une occasion d’apprendre à reconnaître ses signes de fatigue : bâillements, besoin de s’allonger, baisse de concentration… Sans obligation de dormir, l’enfant peut ainsi mieux comprendre son propre corps et ses besoins. En instaurant ce temps calme de manière régulière et sans contrainte, on aide l’enfant à mieux se connaître. Il contribue ainsi pleinement à sa propre santé physique et mentale.
Respecter le rythme biologique tout en stimulant en douceur
Respecter le rythme biologique de l’enfant ne signifie pas le priver d’activités, mais trouver un équilibre subtil entre stimulation et récupération. Même en l’absence de sieste, prévoir un temps de pause dans la journée permet à l’enfant de réguler ses émotions, de retrouver sa concentration et de stabiliser son humeur. Ce moment de calme agit comme un sas de décompression, particulièrement utile après le repas, quand l’énergie baisse naturellement.
L’objectif n’est pas de couper tout élan, mais plutôt de créer des repères apaisants qui aident l’enfant à mieux se situer dans sa journée. Trop de stimulation sans pause peut entraîner irritabilité ou agitation, tandis qu’un rythme trop lent peut ennuyer. En alternant temps actifs et moments calmes, on respecte le fonctionnement intérieur de l’enfant et on l’incite à identifier et exprimer ses besoins. J’ai besoin de calme. Je veux m’allonger. Je suis fatigué. En accompagnant son enfant dans cette écoute de soi, sans jugement ni pression, on l’aide à construire son autonomie émotionnelle. Cette capacité à se connaître et à se réguler s’apprend dès le plus jeune âge et est utile tout au long de la vie.
Conseils pour accompagner en douceur l’arrêt de la sieste
L’arrêt de la sieste marque une étape importante dans le quotidien de l’enfant, mais aussi dans l’organisation familiale. Pour que cette transition se passe sans heurts, il est essentiel d’être à l’écoute des besoins physiologiques et d’adapter progressivement le rythme de la journée. Voici quelques conseils concrets pour accompagner en douceur cette évolution et préserver l’équilibre entre repos, bien-être et éveil.
Observer les signes de fatigue pour ajuster les horaires
L’un des meilleurs moyens d’accompagner l’arrêt de la sieste est d’observer attentivement les signes de fatigue chez l’enfant. Certains enfants deviennent plus agités, d’autres pleurent sans raison apparente ou vivent des crises émotionnelles en fin de journée. Ces comportements peuvent indiquer un déficit de sommeil, notamment lors de la période cruciale de suppression de la sieste à l’école.
Dans ce cas, il peut être utile d’avancer l’heure du coucher le soir, afin de compenser la disparition du sommeil diurne. Un enfant qui ne dort plus l’après-midi a besoin d’un temps de sommeil nocturne plus long pour rester équilibré. À l’inverse, un réveil trop matinal peut provoquer un coup de fatigue dès la fin de matinée, rendant la fin de journée plus difficile à gérer.
Ajuster les horaires en fonction du comportement de l’enfant permet de respecter son rythme biologique, tout en veillant à la récupération dont il a besoin pour bien grandir. Bien sûr il n’est pas question de fixer des horaires rigides, mais bien plutôt de rester attentif et à l’écoute de ses réactions au fil des jours.
Trouver l’équilibre grâce à une routine souple et rassurante
Pendant la période de transition sans sieste, l’essentiel est de trouver un nouvel équilibre adapté à votre enfant. Si vous observez qu’il est plus fatigué que d’habitude, n’hésitez pas à avancer l’heure du coucher de 30 minutes, voire plus, pendant quelques jours. Ce simple ajustement peut suffire à prévenir les débordements liés à la fatigue.
Il est aussi utile d’instaurer des rituels de temps calme en fin de journée, même très courts. Dix à quinze minutes de lecture, de câlin, ou de musique douce permettent à l’enfant de se poser et de préparer en douceur l’endormissement du soir. Ces repères réguliers, simples mais rassurants, favorisent un climat apaisé au moment du coucher.
Enfin, ne culpabilisez pas si votre enfant s’endort encore ponctuellement en journée. Cela ne signifie pas qu’il « régresse », mais simplement qu’il écoute son besoin de repos, ce qui est une bonne chose. L’important est de respecter son rythme propre, sans comparaison avec les autres. Une routine souple, construite avec bienveillance, l’aidera à s’adapter en confiance à cette nouvelle étape.
L’arrêt de la sieste marque une étape importante dans le développement de l’enfant, à la fois physique, émotionnel et symbolique. Chaque enfant évolue à son rythme, et il n’existe pas d’âge précis pour mettre fin à ce temps de repos. L’essentiel est d’être à l’écoute des besoins de son enfant, de repérer les signes de fatigue, et d’adapter les routines en conséquence. Même sans sieste, des temps calmes structurés restent essentiels pour favoriser la récupération et l’équilibre de la journée. L’abandon du sommeil diurne est un signe de maturité et d’autonomie qui peut se vivre en douceur grâce à une organisation souple, rassurante et respectueuse des besoins physiologiques. En accompagnant cette évolution, vous aidez votre enfant à construire les bases d’un sommeil sain et d’un rapport apaisé au repos.
Besoin d’idées pour organiser des temps calmes ? Consulter notre article Comment organiser des temps calmes aves ses enfants ? ou encore nos articles sur les bienfaits de la méditation, la pleine conscience et le rêve.
Comment se passe l’arrêt de la sieste chez vous ? Si vous voulez partager votre expérience et vos astuces pour faciliter cette transition en douceur, rendez-vous sur nos réseaux sociaux Facebook et Instagram !