
Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
Adopter un animal de compagnie engage une grande responsabilité de la part des familles. Mais pour qui dispose d’un budget et d’une habitation conformes aux besoins des animaux, la relation enfant/animal regorge de bienfaits. Quels bénéfices sont reconnus et quel animal choisir en fonction de l’âge et du profil de l’enfant ? Chez Merlin, on adore toutes les bêtes et on sait que nos petits auditeurs raffolent des histoires audio et des documentaires animaliers. Comme souvent nos bouts de chou nous réclament à cor et à cri un animal de compagnie, on s’est dit que ça vous intéresserait d’avoir quelques clés pour vous aider à vous décider !
Petite histoire des animaux de compagnie
Depuis la domestication des animaux au Néolithique, les humains vivent en contact étroit avec les animaux de la ferme. L’hiver, les bêtes s’invitent dans la pièce commune et font profiter les hommes de leur chaleur. Les naissances des veaux, chevreaux et poulains sont une fête pour les enfants qui ont souvent la charge de les garder et de les nourrir. Pour aider les hommes à conduire les troupeaux et à préserver les réserves alimentaires, chiens et chats deviennent des compagnons indispensables. Si les fermiers les considèrent bien souvent comme des outils qui perdent leur valeur et leur utilité avec les premiers signes de vieillesse, certains nouent des amitiés sincères.
En particulier, le chien occupe chez les aristocrates puis les bourgeois une fonction de divertissement, comme le montrent certaines peintures dès le XVIIe siècle. On y repère d’adorables petits chiens au côté d’enfants non moins mignons et joufflus. L’idée que l’animal puisse jouer un rôle de compagnon de jeu et de soutien affectif émerge alors. Pour leur part, les adultes exaltent la fidélité des chiens de chasse, majestueux et puissants, invités à trôner au pied du gisant de leurs maîtres, figés comme eux pour toujours dans la pierre.
Quant au chat, il a connu aussi son heure de gloire avec l’Égypte ancienne, sous les traits de Bastet, déesse-chatte, protectrice du foyer et des femmes enceintes. Malheureusement, le chat tombe en désamour et est persécuté aux temps sombres du Moyen-Âge, victime de superstitions tenaces. Suppôt du Diable, maléfique compagnon de sorcières vouées au bûcher… Les chats finissent cloués aux portes des églises et des tavernes ou brûlés lors de la Saint Jean. Jusqu’à ce que Louis XIV interdise cette pratique (RTBF actus 31/01/21).
De fait, la population des chats diminue si drastiquement que l’on considère aujourd’hui que l’absence de ces petits félins a impacté la vague d’épidémies de peste. Si les rats et les souris avaient pu être pourchassés comme il se doit par les chats, la propagation du virus aurait pu être limitée (Radio France 3/03/17) … D’ailleurs, on relève une corrélation entre la fin des épisodes de peste et la réintroduction du chat dans les maisons.
L’animal de compagnie, un allié du développement émotionnel et cognitif de l’enfant
Même si les animaux ne parlent pas le langage humain, on se peut se demander dans quelle mesure ils peuvent aider au développement du langage et des émotions.
Pourquoi l’enfant entretient-il un lien si fort avec les animaux ?
Aujourd’hui, le chat et le chien conservent leurs missions de protection, en bonne intelligence avec l’humain. Une maison qui abrite félins et/ou canins sera toujours mieux protégée qu’une maison vide d’occupants de crocs et de griffes. Mais le soutien des animaux de compagnie ne se limite pas à la sécurité et à la lutte contre les nuisibles. Les chats, les chiens et les NAC (nouveaux animaux de compagnie) se révèlent également de puissants soutiens émotionnels. Pour les aînés, pour les personnes isolées ou porteuses de handicaps sensoriels, cognitifs ou mentaux. Et pour les enfants, amis traditionnels de nos amis à fourrure, plumes ou écailles. On l’a vu, l’enfant joue un rôle traditionnel de berger, un pastoureau qui arpente le territoire avec son fidèle compagnon et qui câline les nouveau-nés de la ferme. Pourquoi ce lien indéfectible entre l’enfant et l’animal ? Spécialistes et psychologues de la petite enfance ont déjà étudié cette question complexe.
Une des raisons invoquées tient à la faculté de l’enfant comme de l’animal à vivre l’instant présent. Tous deux font appel à leurs sens pour appréhender le monde. Il en découle une compréhension réciproque et une immédiateté dans la relation enfant/animal. En outre, tous deux partagent le goût pour l’action, qui se traduit pour l’enfant par le jeu. L’animal comprend les actes et les gestes plus facilement qu’une parole dont il retient plutôt la tonalité, la hauteur et la charge émotionnelle. De même, un enfant appréhende son environnement à travers ses sens et sa sensibilité.
L’animal de compagnie comme soutien émotionnel de l’enfant ?
De fait, les animaux aident les enfants à mieux comprendre le monde en leur donnant justement accès à toute cette connaissance instinctive et émotionnelle de leur environnement. L’enfant observe l’animal, son comportement, ses réactions et adapte sa propre attitude en fonction des conclusions qu’il en tire. L’animal a l’air mécontent, agressif ? Mieux vaut rester calme, avancer doucement, baisser les yeux. Il arrive en trottinant la queue dressée ? Il a sans doute envie de jouer ou de recevoir une caresse ! Au contact des animaux, les enfants apprennent à réguler leurs émotions. Ils développent leur intelligence émotionnelle.
De plus, la présence de l’animal stimule la production langagière. L’enfant est souvent émerveillé par le comportement de son petit compagnon. De fait, il a envie de décrire ce qu’il fait, imaginant souvent être un centre d’intérêt pour lui. Regarde papa, le chat fait sa toilette ! Il m’a fait un clin d’œil ! L’enfant relève aussi bien les similitudes que les différences, les incongruités, l’expression du mal-être, de l’inconfort ou du ridicule (de son point de vue !). Autant de situations qui participent au développement de son langage et de sa sensibilité au vivant.
Enfin, l’enfant noue un lien affectif puissant avec son compagnon. Sa présence le rassure et lui fournit un cadre sûr. L’enfant sait qu’il peut compter sur lui. Chien comme chat intègrent les plus jeunes à leur meute ou cercle restreint et font démonstration de leur attachement. Ils ont souvent un instinct protecteur à leur égard et se donnent pour mission de les surveiller et de les protéger. L’enfant le sait, le sent et leur en est reconnaissant. Cela l’incite d’ailleurs à protéger en retour son animal, à prendre soin de lui en le nourrissant, le brossant, lui évitant des accidents domestiques etc. L’enfant et son compagnon à poils entretiennent une connivence sans faille, stable et parfois exclusive. On a parfois le sentiment qu’ils se sont « bien trouvés » l’un l’autre.
Les bienfaits d’un animal de compagnie au quotidien
La présence d’un animal de compagnie a un impact profond sur l’équilibre émotionnel de l’enfant. Il apaise le stress, rassure en cas de timidité et peut aider à mieux gérer certains troubles du comportement. Un enfant turbulent ou agité trouvera un apaisement en la présence de son chat. Il pourra également l’entraîner dans des parties de jeux qui contribueront à canaliser son énergie.
Même si l’animal sait que l’adulte demeure la référence pour lui en matière d’interdit et de sécurité, il noue avec l’enfant une relation dénuée d’intérêt, et donc très précieuse pour l’estime de soi de l’enfant. Celui-ci se construit avec l’idée qu’il est capable de nouer un lien particulier avec un être vivant autre que ses parents. Cette relation affective stable et bienveillante devient une source d’ancrage au quotidien, renforçant la confiance et contribuant à l’harmonie familiale.
Animaux et enfants porteurs de troubles : un soutien thérapeutique complémentaire
Selon l’université de Rennes, « en France, plus de 50% des foyers possèdent un animal de compagnie. Ce dernier joue un rôle majeur dans le développement des enfants aussi bien neurotypiques que neuro-atypiques », notamment les TSA, le TDAH et les troubles anxieux. Dans le cadre de la médiation animale, ils sont intégrés aux parcours thérapeutiques comme outils de stimulation sensorielle, de régulation émotionnelle et de renforcement des interactions sociales.
L’étude rennoise relève « une nette amélioration des capacités sociales, langagières et de partage. Les chercheurs ont également observé une diminution des symptômes dépressifs et une plus grande confiance en soi chez ces enfants [qui possèdent un animal de compagnie]. Les comportements problématiques (crises, fugues) se trouvent diminués en présence d’un compagnon et améliorent également le sommeil et la santé de ces jeunes. »
Ainsi, la présence d’un animal apaise, rassure et favorise l’expression des émotions. Avec un chien d’assistance, un enfant autiste peut gagner en autonomie et en sécurité. De même, l’équithérapie, grâce au contact avec le cheval, améliore la coordination, la posture et le lien à l’autre. En outre, à la maison, de petits animaux calmes comme les cochons d’Inde, lapins ou poissons apportent une présence rassurante et constante. Ces compagnons ne jugent pas, ne font pas trop de bruit, ne bousculent pas. Ils deviennent ainsi des repères stables dans l’environnement de l’enfant. Et ils facilitent les apprentissages en réduisant l’anxiété.
Finalement, la relation affective créée devient un levier thérapeutique efficace, complémentaire des soins médicaux et éducatifs.
Responsabilisation et autonomie : grandir avec un animal de compagnie
Si vous n’avez pas d’animal de compagnie, vous vous demandez sans doute à quel âge un enfant peut commencer à s’occuper de son petit compagnon. L’idée est de trouver l’âge idéal qui garantit une sécurité pour l’enfant comme pour l’animal. Par exemple, un tout-petit ne pourra pas promener un gros chien en laisse, ni même brosser un chat à poil long correctement.
Repères d’âge pour qu’un enfant s’occupe d’un animal
Voici quelques repères par âge des tâches que l’enfant peut assumer, dans le respect de ses capacités et du bien-être animal :
- Avant 5 ans. L’enfant ne coordonne pas très bien ses mouvements et peut se montrer brusque. En revanche, il peut vous assister et s’entrainer à verser les croquettes du chat à l’aide d’un verre doseur, ou encore remplir la gamelle d’eau. Il peut jouer avec des animaux de taille moyenne.
- À partir de 6 ans. Si l’animal accepte bien les soins de l’enfant, celui-ci peut le brosser. Il peut aussi commencer à s’occuper des petits animaux comme les lapins et les cochons d’Inde en leur coupant des légumes frais.
- À partir de 8 ans. L’enfant peut tenir en laisse des petits chiens. Il peut aussi préparer et distribuer les repas en concertation avec l’adulte pour les chats, les chiens et les NAC.
- À partir de 10 ans. La plupart des tâches peuvent être effectuées par les enfants, hormis la manipulation des médicaments et les soins d’hygiène.
Les soins aux animaux contribuent à l’apprentissage de l’autonomie
De fait, l’enfant grandit en présence de son animal et acquiert de plus en plus de dextérité et d’expertise dans les soins aux animaux. Des tâches qu’il ne peut réaliser à 3 ans lui seront accessibles quelques années plus tard et marqueront sa prise d’autonomie. De même, on parle souvent de responsabilisation des enfants vis-à-vis des animaux. En effet, si l’enfant oublie de donner à manger à son compagnon celui-ci le lui rappellera d’un miaulement ou d’un aboiement sans équivoque. Il devra alors différer son jeu et se mettre au service de son animal qui est sous sa dépendance.
Avoir un animal sous sa responsabilité invite l’enfant à se décentrer et à prendre en compte des besoins autres que les siens. Il en va de sa bonne relation avec son compagnon, l’animal ne donnant sa confiance et son affection qu’à celui qui participe à son bien-être. Cela passe par la nourriture bien sûr, mais aussi beaucoup par le jeu. Dans ce registre-là, les enfants font merveille et rient de bon cœur lors d’infatigables courses poursuites ! Ces moments de joie contribuent également à forger la capacité d’empathie des enfants. Un cochon d’Inde qui se désespère dans sa cage et attend d’être sorti pour se dégourdir les pattes saura convaincre par son cri strident un enfant compatissant. Et il gagnera certainement un brin de persil en prime, son jeune ami connaissant bien ses goûts en matière de friandise.
Quel animal de compagnie choisir pour son enfant ?
À première vue, on pourrait penser que n’importe quel animal convient à un enfant. Cela est vrai, mais il faut toutefois respecter certaines précautions.
La sécurité avant tout : les animaux qui ne conviennent pas aux jeunes enfants
En raison de leur petite taille et de leurs gestes brusques, il vaut mieux éviter de laisser seuls les jeunes enfants avec certains chiens, notamment ceux qui n’ont pas encore été dressés. Il en va de même avec les animaux de ferme qui pourraient botter ou piétiner involontairement les enfants. Les chats et certaines races de chiens sont plus adaptés aux tout-petits. Attention à bien vérifier les caractères et spécificités des espèces et races avant de passer à l’adoption.
À l’inverse, certains animaux plus fragiles comme le lapin et surtout le cochon d’Inde ne devraient pas être confiés à de trop jeunes enfants. Les cobayes sont des animaux réputés peureux qui pourraient pâtir d’un environnement trop bruyant (cris et pleurs d’enfants). Lorsqu’ils sont stressés, ces animaux risquent un arrêt cardiaque et développent des pathologies chroniques. De plus, leurs courtes pattes ne leur permettent pas de fuir, ni de grimper ou sauter pour s’abriter. Ils font malheureusement souvent les frais de comportements turbulents et imprudents.
De même, les rongeurs de petite taille comme les gerbilles, souris et hamsters résistent difficilement aux assauts des jeunes enfants. Ces animaux voient leur vie trop souvent écourtées faute de vigilance. Attendez que votre enfant ait au moins 7 ans avant d’accueillir un rongeur. Les lapins béliers, quasiment aussi gros que des chats, peuvent en revanche convenir à un enfant à partir de 5 ans. Vérifiez auprès de l’éleveur quelles sont ses préconisations d’âge en fonction de la race et du caractère du lapin.
Enfin les NAC de type reptiles et oiseaux, ne conviennent pas aux enfants. Les soins à prodiguer demandent beaucoup de patience et de précision et les interactions, souvent subtiles, ne correspondent pas aux attentes de nos loulous. Caresser un iguane c’est sympa, mais l’enfant préfèrera le plus souvent un chat ou un chien !
Chats, chiens et rongeurs : comment savoir quel animal convient le mieux à mon enfant ?
Hormis les précautions citées plus haut, il n’y pas d’animal idéal à recommander à l’adoption. De fait, il est essentiel de prendre en compte plusieurs critères pour arrêter votre choix.
Estimez le budget et l’espace d’accueil
Avant toute chose, il faut absolument s’interroger sur ses capacités à accueillir un animal chez soi. Avez-vous estimé le budget annuel en prenant en compte l’alimentation, la litière, les soins vétérinaires, les frais de garde pendant les vacances ? Disposez-vous d’un espace suffisant pour que l’animal ne sente pas à l’étroit et souffre de promiscuité ? Si vous manquez de place, dites-vous bien que vous-même vous risquez d’avoir du mal à concéder un espace à votre animal. Ce sont des critères indispensables à prendre en compte. Sous prétexte de faire plaisir à votre enfant, ne prenez pas le risque de rendre toute la famille malheureuse.
Désormais, lorsque vous adoptez un animal, un délai de réflexion de 7 jours est imposé pour vous laisser le temps de revenir sur votre décision. À l’issue de ce délai vous sera délivré un « certificat d’engagement et de connaissance ». La loi du 30 novembre 2021 sur le bien-être animal cherche à éviter les abandons massifs. Selon le ministère de l’agriculture, « l’estimation du nombre de chats et de chiens en France au sein des foyers est de 16,6 millions de chats et 10 millions de chiens en 2024. (…) Le nombre d’animaux pris en charge par les fourrières et les refuges, qu’ils soient ou non abandonnés, ne baisse pas et reste de l’ordre de 200 000 animaux par an selon l’étude menée par le Centre national de référence pour le bien-être animal pour OCAD ».
En conclusion, on ne le martèlera jamais assez : anticipez les difficultés avant de vous y trouver confrontés. L’abandon ne doit pas être une solution, c’est à vous de prendre vos précautions pour l’éviter.
Vérifiez la compatibilité de l’espèce avec vos habitudes de vie
Si vous avez peu de temps à consacrer à votre animal, ne prenez pas de chien. Si vous optez pour un chat, sachez que celui-ci a besoin de jouer chaque jour avec son maître pour être en bonne santé. Tout animal a besoin d’interagir dans la journée, chat, chien, lapin et cochon d’Inde. Si vous ne pouvez pas fournir cette attention, réévaluez sérieusement votre projet d’adoption. Sinon, orientez-vous vers l’aquarium, mais l’intérêt pour l’enfant sera limité.
Évaluez votre disponibilité pour les promenades canines
Un chien a besoin de sortir pour faire ses besoins, mais surtout il a besoin de courir et de se défouler plusieurs fois par jour. Si vous ne pouvez pas proposer à votre chien au moins une longue promenade quotidienne, préférez un chat. En pavillon, il pourra faire son tour des jardins tout seul et en appartement vous pourrez plus facilement le faire jouer pour combler son instinct de chasseur.
Rencontrez l’animal avant l’adoption
Cela parait évident mais malheureusement ce n’est pas toujours le cas, certains personnages sélectionnant leur animal de compagnie à partir de photos en ligne. La loi de 2021 prévoit « l’interdiction des offres de cession sur internet des animaux de compagnie, avec une dérogation possible sous plusieurs conditions : les sites devront créer une rubrique dédiée, contrôler et labelliser chaque annonce. »
Néanmoins, il reste primordial de rencontrer l’animal que l’on souhaite adopter pour se faire sa propre idée. Avant de vous déplacer discutez avec l’éleveur pour lui exposer vos priorités, puis organisez une rencontre avec tous les membres de la famille. Privilégiez les animaux curieux et joueurs et méfiez-vous des animaux qui restent à l’écart. Si vous passez par un refuge, faites-vous préciser l’histoire de l’animal et suivez les recommandations des soigneurs. Certains animaux nécessitent des maîtres chevronnés pour gérer des troubles du comportement ou des soins particuliers.
Et chez vous, quel animal domestique partage votre vie de famille ? Rendez-vous sur nos réseaux sociaux Facebook et Instagram pour échanger vos astuces et conseils pour accueillir chez soi chats, chiens et NAC !