Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
C’est l’heure de l’histoire du soir. Tranquillement blottie tout contre moi, ma grande attend presque patiemment. Deux oreilles avides d’humour et d’aventures. Seuls ses pieds s’agitent, prêts à emboîter le pas à la bande de Nicolas. Pas n’importe quel héros romanesque, mais plus précisément LE petit Nicolas. Vivement esquissé par Sempé, il disparaît déjà au coin de la rue, flanqué d’Alceste qui sème des miettes en courant. Il flotte comme une odeur de pain au chocolat tout à coup. Pas le temps de s’attarder, Eudes, Rufus et Clotaire ont déboulé à l’angle avec un ballon tout neuf. Le voilà qui fait un vol improbable en direction d’Aignan. Attention aux lunettes !
Lire le petit Nicolas n’est pas de tout repos. Pas le temps de reprendre son haleine que déjà la bande est repartie. Déguisés en indien ou en cow boy, grâce au cadeau d’un papa riche ou à l’ingéniosité d’un assemblage de récupération, les garçons imaginent des scénarios qui tournent toujours à la bagarre… pour mieux se réconcilier à l’heure du goûter. Et une fois le calumet de paix consommé, ceux qui jouent les prolongations dans le jardin ne sont pas forcément ceux auxquels on s’attend. Est-ce que le papa de Nicolas, prisonnier du voisin Blédur, ne va pas prendre froid ligoté dans le jardin à cette heure tardive ?
Il est terrible ce papa-là ! Il a même été champion de course cycliste. Bon, ça ne s’est pas trop vu quand il est revenu penaud avec le vélo Nicolas tout tordu. Un épisode qui agite les zygomatiques, aussi sûrement que quand le bulletin de notes est signé, expédié, bonne nuit et au dodo, papa et maman ont besoin de discuter entre grands. Ah le monde des adultes ! Ces grands toujours prompts à vous envoyer vous laver les mains, vous recoiffer pour la photo ou vous menacer d’être privé de dessert. Mais c’est aussi eux qui craquent devant un toutou pas du tout abandonné, un bouquet de fleurs avec une seule fleur (un peu écrasée) et une petite fille adorable mais pas vraiment sage.
Ça se trémousse encore contre moi. Perspicace ma minus et surtout sensible au décalage entre l’univers des enfants et celui des adultes. C’est bien connu, les parents et les maîtresses ne comprennent jamais rien et pensent toujours “bêtises” alors que ce ne sont que “jeux et expériences”. Comme cette fois où Nicolas fume un cigare avec son ami Alceste. Par un heureux quiproquo, le papa est désormais sommé de fumer dehors ! Bilan : victoire involontaire de l’enfance sur le tabagisme !
Encore, encore une histoire de Nicolas ! Mais c’est l’heure d’aller se coucher, de prendre le dîner, de faire ses devoirs. Oui, mais… Entre la bouille ronde d’Alceste, le sifflet à roulettes de Rufus et les lunettes d’Aignan, mon écolière chérie ne s’en lasse pas. Qu’à cela ne tienne, la collection des petit Nicolas a de quoi nous divertir encore longtemps avec ses nombreux épisodes (parution originale entre 1959 et 1964). La coquine file dans sa chambre avec son enceinte Merlin. La suite des aventures du galopin en culotte courte résonne déjà en version audio. C’est terrible ! (expression favorite de Nicolas qui déteint sur moi, comprenez c’est super, génial, top, cool, chouette, enfin TERRIBLE quoi).
Merci aux intemporels Goscinny et Sempé pour ces doux moments de partage et aux éditions Gallimard de continuer à leur donner vie.
À retrouver en écoute sur l’enceinte Merlin :